La téléconsultation, entre craintes et délivrance
Les téléconsultations se multiplient au gré des confinements. Les uns y voient l’opportunité d’entrer en relation. D’autres souffrent de ce nouvel écran qui se dresse entre eux et le médecin. Et contrairement aux apparences, les plus jeunes ne sont pas les plus rassurés.
Comment a été vécue la télémédecine pendant le confinement ? Comme une libération ou un désenchantement ? Tout dépend des générations, des caractères et des histoires de chacun. « L’expérience est très variable, raconte Nathalie de La Rochefoucauld, psychologue clinicienne. Pour certaines personnes, ce fut un énorme soulagement. Pour d’autres, ce fut traumatisant ». Le regard que l’on porte sur l’outil numérique, notre rapport à la santé, notre besoin d’être en relation diffèrent selon les individus.
Avec la visioconférence, une pratique thérapeutique positive
En tant que psychologue, Nathalie de La Rochefoucauld ne pratique pas ce qu’on appelle la télémédecine. Mais elle est intégrée dans le milieu médical et a recours elle aussi à des consultations à distance. Disciple des méthodes de Bernadette Lemoine, elle est engagée dans plusieurs associations de psychologues chrétiens. Elle témoigne du ressenti de ses patients. « Depuis le premier confinement, je fais beaucoup de visioconférences. Avant, j’avais beaucoup de réticences personnelles. Mais je me suis aperçue que je pouvais mener un travail thérapeutique de qualité. J’ai expérimenté de nouvelles manières d’accompagner mes patients. Pour vivre la période de confinement ou pour un soutien ponctuel, il y a des effets très bénéfiques ».
Des situations de détresse non résolues
Mais, pour de nombreuses per- sonnes, la visioconférence déshumanise et suscite la peur. La proximité physique donne le sentiment d’exister, d’être là pour l’autre. Lorsque Nathalie de La Rochefoucauld accompagne des personnes ayant connu un deuil ou un divorce, elle découvre de nombreuses détresses et l’angoisse de l’abandon. « Il arrive que des personnes se fassent hospitaliser juste pour qu’on s’occupe d’elles. Pour elles, la téléconsultation est une solution traumatisante. La visite chez le médecin est un moment important d’humanité ». La population âgée n’est pas la seule à souffrir de la téléconsultation. Les étudiants aussi vivent très mal cette situation, surtout lors du deuxième confinement. « Tout est lié par leur vie sociale. Actuellement, ils n’ont plus de relations, tout se fait par visio. Beaucoup consultent pour des problèmes d’angoisse ou de dépression. Cela devient une question de santé mentale publique ».