Regard de l’Église sur le mariage
Ce qu’en dit la Doctrine sociale de l’Église
Si l’Église invite les pouvoirs publics à promouvoir le mariage, c’est parce qu’il fonde et consolide la famille, première cellule de la société.
Dans son Magistère, l’Église n’a cessé de redire l’importance du mariage, voulu par Dieu. « Ce lien sacré échappe à la fantaisie de l’homme », comme l’affirme le Compendium de la Doctrine sociale de l’Église, tout en rappelant que le sacrement catholique se fonde sur une réalité humaine : « la nature même de l’amour conjugal qui, en tant que don total et exclusif, de personne à personne, comporte
un engagement définitif exprimé par le consentement réciproque, irrévocable et public » (§215). Aux yeux de l’Église, selon le même texte, « aucun pouvoir ne peut abolir le droit naturel au mariage ni modifier ses caractères et ses finalités. En effet, le mariage est doté de caractéristiques propres, originelles et permanentes » (§216).
C’est pourquoi « La société et l’État ne peuvent donc ni absorber, ni substituer, ni réduire la dimension sociale de la famille ; ils doivent plutôt l’honorer, la reconnaître, la respecter et l’encourager selon le principe de subsidiarité » (§252).
Ces dernières décennies, les papes ont manifesté leur inquiétude devant l’affaiblissement du mariage dans la société contemporaine. Dans son exhortation Familiaris Consortio (1981), Jean-Paul II reconnaît à la société actuelle d’offrir, parmi de nombreux aspects positifs, une « conscience plus vive de la liberté personnelle et une attention plus grande à la qualité des relations interpersonnelles dans le mariage » (§6). Mais il déplore dans le même temps « une corruption du concept et de l’expérience de la liberté, celle-ci étant comprise non comme la capacité de réaliser la vérité du projet de Dieu sur le mariage et la famille, mais comme une force autonome d’affirmation de soi, assez souvent contre les autres, pour son bien-être égoïste » (§6). Or, insiste le pape polonais, « face à une société qui risque d’être de plus en plus dépersonnalisante et anonyme […], la famille possède et irradie encore aujourd’hui des énergies extraordinaires capables d’arracher l’homme à l’anonymat, de l’éveiller à la conscience de sa dignité personnelle, de le revêtir d’une profonde humanité et de l’introduire activement avec son unicité et sa singularité dans le tissu de la société » (§43).
Dans son exhortation apostolique Amoris Laetitia (2016), le pape François fustige aussi « le danger croissant que représente un individualisme exaspéré qui dénature les liens familiaux » (§33). « En tant que chrétiens nous ne pouvons pas renoncer à proposer le mariage pour ne pas contredire la sensibilité actuelle, pour être à la mode, ou par complexe d’infériorité devant l’effondrement moral et humain », développe-t-il (§33). Et de proposer des pistes pastorales pour notre temps : François encourage ainsi l’Église à aider les couples à relever. « le défi des crises » : « Il convient d’accompagner les conjoints pour qu’ils puissent accepter les crises qui surviennent, les affronter et leur réserver une place dans la vie familiale. Les couples expérimentés et formés doivent être disponibles pour accompagner les autres dans cette découverte, de manière que les crises ne les effraient pas ni ne les conduisent à prendre des décisions précipitées. Chaque crise cache une bonne nouvelle qu’il faut savoir écouter en affinant l’ouïe du cœur » (§232).
La folie du mariage
Le mariage est une folie. On doit essayer de se comprendre chaque jour, on doit pardonner, on doit être fidèles. Quel programme ! En 2022, dans un monde individualiste, c’est de la folie. On s’engage à élever des enfants dans un monde qui paraît de plus en plus dangereux. C’est de la folie. On devient un signe de l’amour de Dieu pour le monde et dans l’Église. C’est de la folie. On s’engage non sur le mode du contrat mais sur celui du don total. C’est dingue ! L’amour rend fou.
Cette folie est indispensable pour se lancer dans l’aventure passionnante que sont la vie de couple et de famille. Ce grain de folie fait sourire Dieu et chanter les anges. Ce grain de folie est le germe de la sainteté. Et cette douce folie est la marque de l’Esprit
Saint. Il y a une sagesse des fous.
Le mariage est une folie qui réclame beaucoup de discernement, de bon sens. Il faut avoir recours à la vertu de prudence. La prudence n’est pas la vertu des timorés. Elle n’est pas synonyme de pusillanimité. Au contraire, la prudence est sagesse pratique, capacité à faire les choix judicieux pour s’engager à fond. Elle suggère qu’il faut réfléchir avant d’agir, mais quand on a délibéré, il faut vivement se mettre en marche pour obtenir ce qu’on désire. Il s’agit de savoir ce qu’on veut pour trouver ensuite les moyens de l’obtenir. C’est la vertu des aventuriers qui veulent aller loin. C’est la vertu nécessaire dans l’aventure du mariage.
Père Philippe Verdin
Conseiller ecclésiastique de la CNAFC
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