Politique familiale et natalité : un regard spirituel
Ce qu’en dit la Doctrine Sociale de l’Église
Mettre des enfants au monde et les élever relève évidemment de la responsabilité des époux. Mais dans la mesure où la natalité détermine l’avenir de la société, il revient à celle-ci de les y aider. Si l’Église catholique a toujours plaidé pour la promotion de la famille, c’est parce que celle-ci, affirme Gaudium et Spes, l’un des principaux textes de Vatican II, « contribue de façon éminente au bien social par le biais de la paternité et de la maternité responsables, formes particulières de la participation spéciale des époux à l’oeuvre créatrice de Dieu ». Relevant ce passage, le compendium de la Doctrine sociale de l’Église en appelle à la responsabilité des parents, mais aussi à celle de l’État : « La famille a droit à l’aide de la société pour la mise au monde et l’éducation des enfants. Les couples mariés qui ont une famille nombreuse ont droit à une aide appropriée, et ne doivent pas subir de discrimination ».
Un appel aux pouvoirs publics que l’on retrouve dans le Catéchisme de l’Église catholique, en vue du bien de la société : « L’État est responsable du bien-être des citoyens. À ce titre, il est légitime qu’il intervienne pour orienter la croissance de la population. Il peut le faire par voie d’une information objective et respectueuse, mais non point par voie autoritaire et contraignante. Il ne peut légitimement se substituer à l’initiative des époux, premiers responsables de la procréation et de l’éducation de leurs enfants. Dans ce domaine il ne possède pas l’autorité d’intervenir par des moyens contraires à la loi morale. »
Tout récemment, dans un discours aux États généraux de la natalité en Italie en mai 2021, le pape a apporté un regard éclairant sur la situation actuelle de la péninsule, et plus largement, de l’Europe sur « le thème urgent de la natalité ». Déplorant « la tendance constante et progressive à la baisse, un hiver toujours plus rigide », François a regretté que « tout cela ne semble pas avoir encore attiré l’attention générale, concentrée sur le présent et sur l’immédiat. » Et de lister les obstacles auxquels sont confrontées les familles : « Je pense à l’égarement en raison de l’incertitude du travail, je pense aux craintes suscitées par les coûts toujours plus élevés pour éduquer les enfants : ce sont des peurs qui peuvent engloutir l’avenir, ce sont des sables mouvants qui peuvent faire sombrer une société. Je pense également avec tristesse aux femmes qui, sur le lieu de travail, sont dissuadées d’avoir des enfants ou doivent cacher leur grossesse. Comment est-il possible qu’une femme doive avoir honte du don le plus beau que la vie puisse offrir ? »
« Nous avons oublié la primauté du don – la primauté du don – un code qui est à la source de la vie en commun », a continué le pape, appelant à des politiques « durables » : « On parle souvent de durabilité économique, technologique et environnementale, etc. Mais il faut également parler de durabilité générationnelle. […] La croissance durable passe par là. L’histoire nous l’enseigne. » Le pape a adressé des encouragements chaleureux à toutes les personnes engagées pour la défense de la natalité : « Parfois, vous aurez l’impression de crier dans le désert, de vous battre contre des moulins à vent. Mais allez de l’avant, ne renoncez pas, parce qu’il est beau de rêver, de rêver le bien et de construire l’avenir. Et sans natalité, il n’y a pas d’avenir. »
Billet spirituel
La vie est un don
Les familles font l’expérience de la beauté du don de la vie. Qu’elles sachent en témoigner devant la société.
« Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa », raconte le Livre de la genèse. « il les créa homme et femme. Dieu les bénit et leur dit : “soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. soyez les maîtres des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, et de tous les animaux qui vont et viennent sur la terre. ” » (genèse, chapitre 1 versets 27 et 28)
La vie est un don, et pour ce don de la vie, nous sommes invités à rendre grâce. Mais nous pouvons aussi nous aider à accueillir mutuellement notre vie et la vie que nous pouvons donner ou que nous accompagnons.
Il n’y a pas de vie sans don. L’être humain est fait pour donner et recevoir. Comme nous le rappelle saint François d’Assise, c’est en donnant que l’on reçoit. Et dans les familles, où nous donnons la vie, où nous l’accompagnons, que cette famille qui est en soi une mini société, un lieu de vie, aide la société tout entière à prendre conscience de cet enjeu.
Père Pierre Machenaud, conseiller ecclésiastique de la CNAFC